Quelles sont les différences entre la Sociocratie et l’Holacratie ?
Par le passé, il a été reproché à Holacratie d’être un simple copier/coller de la Sociocratie, sans honorer ses origines. Pourtant, ce sont bien deux approches différentes mais l’une s’est effectivement inspirée de l’autre pour son développement.

Qu’est-ce que la Sociocratie ?
La Sociocratie est une nouvelle manière de diriger les organisations, des petites associations aux plus grandes entreprises, qui vise l’efficacité à travers la collaboration active de tous leurs membres, et qui a pour résultat de renforcer le sentiment d’appartenance de chacun.
Ce mot a été inventé par Auguste Comte au début du xixe siècle. Ses racines viennent du latin societas (société) et du grec kratos (autorité). Ce mot « SOCIOCRATIE » a été repris par Kees Boeke, un pédagogue Hollandais. Ce dernier a publié en mai 1945 un document intitulé Sociocracy: democracy as it might be.
Concrètement, la Sociocratie est définie par ces 4 processus :
- Le Cercle
- La prise de décision collective
- L’élection sans candidat
- Le double lien
La Sociocratie fonctionne très bien avec une entreprise hiérarchique avec des chefs, elle ne nécessite pas une remise en cause de l’organisation.
Qu’est-ce que l’Holacratie ?
L’holacratie, c’est un ensemble cohérent d’outils de management et de self-management qui aide à la responsabilisation de celui qui fait et à la coopération de tous autour de règles du jeu communes, le tout au service de la raison d’être de l’entreprise.
Ce mot a été inventé par Brian Robertson, qui s’est inspiré de deux mots : “holarchie”, terme inventé en 1967 par Arthur Koestler dans son livre The Ghost in the Machine, et « cratie », qui signifie « pouvoir » (tout comme « démocratie », « autocratie »).
L’Holacratie vient remettre fondamentalement en cause le modèle pyramidal pour aller vers un autre type d’organisation, basé sur une constitution.
Quelles sont les différences entre la Sociocratie et l’Holacratie ?
La principale différence entre ces deux approches réside dans la structure. Alors que la Sociocratie gouverne les personnes, l’Holacratie structure l’organisation à travers une constitution qui remplace le management hiérarchique par une gouvernance qui confère du pouvoir et des autorités explicites aux personnes.
En Sociocratie, le pouvoir est aux personnes ; en Holacratie, le pouvoir est à l’organisation, la structure de rôles, qui sont ensuite affectés aux personnes.
L’Holacratie distingue deux espaces : la gouvernance qui définit le code pour distribuer les autorités et les opérations qui sont là pour effectuer le travail de chacun, en fonction de leurs rôles. En gouvernance, il existe un processus de Prise de Décision Intégrative qui ressemble au processus de prise de décision collective ou par consentement de la Sociocratie mais qui a été modifié pour ne pas adresser les problématiques personnelles et rester centré sur l’organisation – la notion d’objection n’est pas du tout la même par exemple. Dans les opérations, chaque rôle a toute autorité pour prendre les décisions, il n’y a pas de consensus.
En Sociocratie, ces deux espaces, gouvernance et opérations, ne sont pas séparés, ils sont mélangés dans les réunions et toutes les décisions sont prises avec le processus de prise de décision collective, par consensus. Les autorités sont attribuées par consentement.
Les notions de Cercle, processus d’élection sans candidat et double lien se retrouvent aussi en Holacratie, même si les définitions sont différentes : en sociocratie, un cercle est un ensemble de personnes alors qu’en Holacratie, un cercle est composé de rôles ; la règle du double lien est aussi différente, dans la sociocratie, son objectif est de porter les tensions des personnes d’un cercle à un autre alors qu’en Holacratie, il a le pouvoir de porter les tensions organisationnelles du cercle, mais pas de tensions personnelles. C’est normal quand on regarde la façon dont a été construite la première constitution Holacratie : Brian a expérimenté la Sociocratie au sein de Ternary Software, entre autres approches/méthodes/systèmes, et ils ont gardé ce qui marchait bien pour répondre aux problématiques organisationnelles rencontrées. C’est comme cela qu’ils sont arrivés à ce pouvoir constitutionnel.

L’histoire de Nova Consul et la Sociocratie
Avant de basculer en 2012 à 100% d’accompagnement en Holacratie, Bernard Marie s’est formé et est devenu expert en Sociocratie et Intelligence Collective. Il a lui-même accompagné des entreprises avec cet outil et formé de nombreux acteurs français sur ce sujet. Voyant les limites structurelles, la méthode Sociocratie ne remettant pas en cause le modèle hiérarchique pyramidal, il a trouvé en l’Holacratie une façon d’aller plus loin encore sur les problématiques organisationnelles qu’il a vécu étant patron.
D’ailleurs, il a répertorié toutes ses ressources sur la Sociocratie dans son blog sur la Gouvernance Intégrale : https://gouvernanceintegrale.wordpress.com/sociocratie/a-propos/.
Conclusion
Ce ne serait pas juste d’opposer ces deux méthodes, ni de dire que l’une est juste une pâle copie de l’autre. Ces deux systèmes ont des fonctions différentes, avec une notion d’autorité différente. Dans la Sociocratie, l’autorité est au consensus, tout est centré sur le collectif et les personnes ; dans l’Holacratie, l’autorité est à l’organisation, tout est centré sur sa raison d’être. Deux systèmes vertueux en fonction de l’environnement dans lequel ils sont utilisés.