Un pouvoir constituant pour l’entreprise
Bien plus que le procès d’un homme et de sa garde rapprochée, il s’agit d’une mise en accusation d’un modèle qui régit encore nombre d’entreprises. Cette violence que décrivent les victimes est la dernière extrémité d’un système devenu obsolète et prisonnier d’une vision destructrice pour l’entreprise et ravageuse pour ses collaborateurs. Si, dans le cas de France Telecom, le harcèlement moral semble avoir été systémique et atteint un rare niveau de violence, il n’en reste pas moins qu’il est la conséquence de pratiques largement répandues. Mue par une vision court terme, obnubilée par une lecture strictement financière de ses intérêts, l’organisation n’apporte qu’une seule et même réponse à tous ses problèmes : réduire ses effectifs. Point de vision au long court. Point de sens donné aux actions de chacun. La culture d’entreprise s’étiole jusqu’à disparaître. Les énergies s’épuisent puis s’évanouissent. Et c’est l’existence même de l’organisation qui finit par être en jeu.
Dans ces conditions, comment sortir l’organisation de ce cercle vicieux, avant que cette dynamique morbide ne frappe ses collaborateurs ? Indéniablement la réponse est complexe mais doter l’entreprise d’un pouvoir constituant est le premier pas dans la bonne direction. Et, sur cette voie, un outil tel l’holacratie, fondé sur une constitution, peut se révéler un allié de choix.
Derniers soubresauts d’un modèle ?
Dans l’affaire France Telecom, un homme est présenté comme le commanditaire d’un processus de réorganisation visant à réduire, à tout prix, les effectifs. Didier Lombard serait le cost killer. Il est celui qui porterait l’entière responsabilité d’une stratégie de harcèlement moral et de déstabilisation des salariés. Pourtant, si sa responsabilité semble bien réelle, elle est le fruit d’une responsabilité sans doute plus large – conseil d’administration et état actionnaire – l’expression d’un modèle d’organisation arrivé au bout de sa logique.