L’inconscience managériale
Aussi étonnant que cela puisse paraître, de nombreux patrons choisissent de confier les rênes à leurs collaborateurs pour réinventer l’organisation et la gouvernance de leur entreprise. Un choix que j’ai pu observer régulièrement, encore récemment avec deux entreprises dont un informaticien pour l’une et un responsable RH pour l’autre avaient été commis pour entreprendre ce chantier pour le moins ambitieux.
Qui pour prendre la décision ?
Si, en soi, il n’y a rien de nouveau dans cette situation, il me semble fondamental d’insister sur son absurdité. Car, choisir de déléguer et de mandater toute autre personne que le patron pour réinventer l’organisation, c’est un peu comme « marcher à l’envers ». C’est aussi et surtout faire preuve, de la part du patron, d’une forme de naïveté et d’une certaine inconscience. Ceci ne veut pas dire que le patron doit le faire seul mais que le changement de gouvernance est de sa responsabilité, en tant que mandataire social, responsable des actes de gestion qui lui ont été délégués à ce titre.
Ne nous méprenons pas. Décider de réinventer l’organisation, de donner vie à une nouvelle gouvernance, doit rester sous l’autorité du patron. En tant que mandataire social, il est le seul à pouvoir porter cette responsabilité, à incarner cette « accountability » qui lui confère l’autorité nécessaire. Choisir un collaborateur, même « volontaire », c’est l’affubler d’une charge, d’une responsabilité et d’une compétence qui le dépassent.
Le fruit d’une incompréhension
Soyons clairs. Il est totalement incompréhensible que le dirigeant d’une entreprise se décharge de sa responsabilité, de son mandat dès lors que l’organisation opère une transmutation. Sa gouvernance est une affaire bien trop sérieuse pour que le patron s’en désintéresse.
Car, c’est bien de cela qu’il s’agit. En opérant ainsi, en faisant preuve d’une telle incompréhension des enjeux qui traversent son entreprise, il donne à voir un désengagement hasardeux. Ne pas prendre au sérieux l’étendue du chantier qui fait face à lui, c’est faire preuve d’une certaine inconscience.