L’expertise libérée !
Au lieu de vouloir libérer l’entreprise ou chercher à supprimer le management, donnons simplement l’autorité pour décider à celles et ceux qui en ont l’expertise.

Convaincus qu’il est temps de réinventer leur entreprise, d’opter pour une organisation qui donne autonomie et responsabilité à chacun, de nombreux dirigeants pensent que la décision entraîne mécaniquement le changement voire l’adhésion. Pourtant, le changement nécessaire à “l’empowerment” et à l’accountability” des employés ne se décrètent pas. Longtemps pris dans les mailles de l’organisation conventionnelle, l’entreprise et ses dirigeants continuent de mélanger, de confondre management, expertise et prise de décision. La décision revient le plus souvent à celui qui détient le pouvoir plutôt qu’à celui qui incarne l’expertise. Bien plus que de vouloir libérer l’entreprise, il s’avère nécessaire de libérer l’expertise au sein de l’entreprise comme a pu le démontrer David Marquet dans son ouvrage référence intitulé « Turn the ship around« .
Faire la distinction entre management, expertise et prise de décision
Inutile néanmoins d’embarquer, comme ce dernier, sur un sous-marin nucléaire de l’US Navy pour observer la confusion qui perdure au sein de la plupart des entreprises à propos du management, de l’expertise et de l’autorité (ou de la prise de décision). En effet, dans le modèle conventionnel, l’expertise n’est pas libérée parce que le management aspire, “avale” l’expertise. Le manager est le plus souvent celui qui a la main et décide au final. Le management, son périmètre et son autorité, ne sont pas clairement définis. Soumise par un lien de subordination sous-jacent, l’expertise est à la fois contrainte et étouffée. Une situation maintes fois observée et que j’aime à illustrer par l’exemple de Sarah, chargée de communication d’une start-up, en charge de la newsletter de son entreprise. Bien qu’experte de la communication, parfaitement au fait à la fois des techniques nécessaires à la bonne rédaction et à la bonne diffusion de la newsletter, son travail est systématiquement vérifié, amendé par le patron de l’entreprise. Une histoire somme toute banale mais qui vient mettre en lumière un problème largement répandu dans nos organisations. Le manager, quel qu’il soit, est souvent perçu, à tort, comme l’expert. Il décide donc il sait… Une situation absurde mais qui a la vie dure. Car, de toute évidence et en toute logique, l’expert est bien celui qui détient la compétence et devrait donc être seul habilité à décider, sans avoir à en référer à un manager dont la compétence réelle est ailleurs.