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07/02/2022

Les trois marches pour accéder au self-management

Même s’il est difficile d’y répondre, la question du self-management est un sujet pertinent pour beaucoup d’organisations. Sans surprise, il n’existe pas de solution miracle pour passer au self-management. Néanmoins, certaines étapes s’avèrent utiles pour cheminer dans la bonne direction.

Cela commence par une véritable prise de recul et implique de passer par trois marches, trois sujets fondateurs : le pari de la confiance et la question des croyances ; la question de la structure de pouvoir – l’architecture qui permet de créer la culture – et l’énergie de la responsabilité. Une fois fait, les bases seront jetées.

Le pari de la confiance

Ici, la question de départ est celle de la conception de l’Homme que l’on choisit d’épouser. Une question sur laquelle s’est interrogé JF Zobrist, Directeur Général de FAVI en 1983 lors de sa prise de fonction. Et la réponse a été sans équivoque, rapide et radicale : l’Homme est bon ! Très concrètement, et puisque l’Homme est bon, il a commencé par faire enlever la vitre de son bureau qui lui permettait d’observer/surveiller l’atelier en contrebas, et l’a remplacé par un mur plein. Puisque l’Homme est bon, pourquoi vouloir le surveiller ? Un autre exemple : le stock, jusque-là fermé à clé par peur du vol, est resté ouvert. La croyance que l’Homme est bon a donc un impact immédiat et majeur sur la réalité et le quotidien de chacun. Troisième illustration : un client qui devait visiter l’usine située dans la Somme est bloqué à l’aéroport de Paris. Il appelle son contact mais, à cette heure tardive, seule une employée chargée de l’entretien est présente. Elle décroche, prend conscience du problème et décide d’utiliser l’un des véhicules de l’entreprise pour aller chercher le client…

La démonstration est faite qu’en s’en tenant à ses croyances – l’Homme est bon – et en les appliquant à l’organisation, il est vraiment possible de changer la donne. Aucune naïveté ou angélisme dans tout cela. Bien sûr, les vols, par exemple, ne seront pas totalement éradiqués. Pour autant, ils seront si peu nombreux qu’ils ne sauraient remettre quoi que ce soit en cause. Mieux, le vol sera d’autant moins compris et accepté par l’ensemble des acteurs que rien ne pourra vraiment l’expliquer et, a fortiori, l’excuser. En somme, qui dit self-management dit confiance. Et qui dit confiance dit croyance en un Homme fondamentalement bon. Tel est l’un des préalables pour que l’entreprise puisse prétendre cheminer vers le self-management.

Une croyance en l’Homme qui, disons-le, ne fait pas l’unanimité. En matière de travail comme en matière de philosophie, deux camps s’opposent. Le camp de ceux qui, comme JJ Rousseau, affirment que l’Homme est bon ; naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt. Le camp de ceux qui considèrent au contraire que l’Homme est un loup pour l’Homme. (T. Hobbes). Indiscutablement, comme le souligne brillamment Rutger Bregman dans son ouvrage intitulé « Humankind: A Hopeful History, nos sociétés comme nos institutions ont plutôt fait le choix du second. Pourtant, toujours selon lui, la réalité est tout autre et l’humain est bon, c’est scientifique”. Une démonstration que l’on peut aussi rapprocher de celle développée par Douglas McGregor qui, dans ses travaux sur le monde de l’entreprise, démontre que le choix doit se faire entre la théorie X et la théorie Y, le parti pris de la « non-confiance » versus le parti – on pourrait même dire le pari – de la confiance. C’est de ce dernier dont on ne peut se passer pour aller vers le self-management. Et pour y parvenir, la structure émerge naturellement comme le second pan du triptyque qui conduit au self-management.

Auteur

Bernard Marie CHIQUET

Il a été plusieurs fois entrepreneur et dirigeant de grandes entreprises : Executive Director chez Capgemini, Senior Partner chez Ernst & Young, Président-Fondateur de Eurexpert. Dans un deuxième volet de sa carrière, il a acquis une compétence d’executive coach (HEC), de médiateur (CAP’M) et coach en Holacracy® depuis 2011 et Master Coach depuis Janvier 2013, le plus haut niveau de certification.

Durant toutes ces années en tant que dirigeant, il a constaté que les organisations étaient sources de beaucoup de gâchis d’énergie et humain. “Comment avoir une structure organisationnelle simple, explicite, sans jeux politiques et de domination, qui s’adapte aussi vite que le changement lui-même et permet à l’être humain de libérer son potentiel ?” C’est pour répondre à cette question et trouver des alternatives au modèle hiérarchique pyramidal qu’il a fondé l’institut iGi en 2007 (aujourd’hui renommé Nova Consul), First Holacracy® Premier Provider depuis 2010.

Aujourd’hui formateur, consultant en organisation, coach, conférencier, professeur à l’IAE Lyon School of Management (Université Jean Moulin Lyon III) et intervenant à HEC Executive Education, centré sur l’évolution des modes de gouvernance et le leadership, Bernard Marie CHIQUET a crée le Management Constitutionnel®, aboutissement de ses recherches, pour apporter des solutions concrètes, sortir du statu quo et libérer les organisations.

 

 

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