La structure crée la culture
Il est intéressant de constater que pour beaucoup d’entreprises qui décident de réinventer leur organisation vers le self-management, cela passe d’abord par bâtir une nouvelle culture. C’est ce que j’ai pu observer récemment dans un grand groupe français. Le nouveau PDG, tout juste arrivé, annonce immédiatement la couleur. L’entreprise doit s’inventer une nouvelle culture. Pour ce faire, ce patron et sa garde rapprochée ont mis au point une stratégie. Au-delà de son nom parfaitement « marketé », celle-ci invite à privilégier le collectif sur le chacun pour soi, l’intérêt de l’entreprise sur tout le reste. Surtout, elle invite chacun à oser se dépasser, exprimer son point de vue, ses idées, et prendre des initiatives en sortant des frontières érigées par une culture très hiérarchique.
Hélas, si la démarche et certaines intuitions peuvent sembler louables, il s’avère que cette stratégie est illusoire. Et pour cause, comme a pu l’écrire Peter Drucker, « la culture d’entreprise mange la stratégie pour le petit-déjeuner ». En effet, les comportements sont la conséquence de la structure de pouvoir en place. Pour preuve ce salarié qui, enthousiasmé par le message envoyé par son nouveau CEO, se permet de lui écrire directement pour partager des idées. En voulant suivre la nouvelle dynamique que le patron souhaite impulser, il a osé court-circuiter ses deux supérieurs hiérarchiques. Ceux-ci ont désormais fait le nécessaire pour que cela ne se reproduise pas… Au-delà de la volonté du nouveau patron de vouloir changer la culture – sans toucher la structure de l’organisation – la structure de management en place a agi en anticorps. Chassez le naturel, il revient au galop. Même le patron et sa stratégie sont empêchés.