Holacratie : « management augmenté » plutôt que lâcher prise
De cette quête émerge la volonté de bâtir une organisation libérée de toute vision hiérarchique, débarrassée de ses luttes de pouvoir et de ses petits chefs ; une organisation horizontale où les rôles et les pouvoirs seraient partagés. Malheureusement, cette « entreprise libérée » ne se décrète pas. Surtout, le mythe du pouvoir partagé, de l’entreprise sans patron, du manager qui lâche prise pour se dissoudre dans l’organisation, reste une vue de l’esprit. Si la philosophie de l’entreprise libérée demeure un horizon souhaitable et possible, elle implique, au préalable, de donner vie à une organisation réinventée, fondée sur des personnes autonomes et responsables, des règles et des processus explicites et, last but not least, sur des managers d’un nouveau genre.
Les fonctions managériales restent nécessaires
Disons-le d’emblée. Réinventer son organisation ne peut se faire sans fonctions managériales. Pas ces managers hérités du modèle pyramidal, détenteurs de tous les pouvoirs et reléguant les autres collaborateurs au rang de simples exécutants. Pas ces managers qui, tout omnipotents et omniscients qu’ils se voient, se sentent bien souvent seuls et perdus, éprouvent une forme de malaise face à la complexité d’une vie en entreprise. Un malaise parfaitement décrit par Brigitte Nivet au travers de ses 3 profils types de managers le gestionnaire scrupuleux et rigoureux ; le leader ou l’homme providentiel doté de qualités innées mais intransmissibles ; le « coach », soucieux d’accompagner mais toujours contraint par une organisation du travail inchangée.
L’ambition est ici de créer les bases d’un management d’un nouveau genre. Un management qui fait autorité de par ses compétences et son engagement, au service de la raison d’être. Un management qui éclaire, guide et accompagne. Et la tâche est d’envergure. Aujourd’hui, dans une très grande majorité d’entreprises, les fonctions, les rôles ou les missions du manager sont tout sauf claires et explicites. Il est un peu comme ce chef d’orchestre à qui on confie la baguette en oubliant de lui transmettre la partition…