Holacracy : carcan bureaucratique ou outil au service de la création de valeurs ?
Bureaucratie : du mauvais usage de l’holacratie
Et qu’on le veuille ou non, l’angle mort de la bureaucratie apparaît de façon quasi systématique dans toutes les entreprises qui tentent l’aventure de l’holacratie. Du moins, la plupart de celles que j’ai pu accompagner depuis 12 ans. Un piège où l’organisation apparaît comme un empilement d’activités dans des rôles, avec peu de prise de recul et qui se concentre sur une multitude de points de détail. Plutôt que de se focaliser sur l’essentiel, l’organisation et chacune de ses composantes se complaisent dans une mécanique bureaucratique autocentrée et auto-alimentée. Cela se traduit, par exemple, par une forme de dévoiement, une forme de paresse où l’on sollicite la gouvernance de la nouvelle organisation là où cela ne se justifie pas. Convaincu qu’avec l’holacratie tout doit être rendu explicite, beaucoup se mettent ainsi à vouloir tout donner à voir, faire savoir au travers de listes à la Prévert qui décrivent le moindre détail de leurs activités et de leurs tensions. Les réunions peuvent alors se transformer en une revue de « chiens écrasés ». La création de valeurs est oubliée, étouffée par le fonctionnement étriqué et bureaucratique de l’organisation.
En soi, rien de très surprenant à cela. Par le biais de nouveaux concepts et de nouvelles modalités comme la raison d’être, les redevabilités et domaines amenés par chaque rôle et processus qui font vivre l’organisation, l’holacratie apporte indéniablement une complexité supplémentaire et inédite. Ainsi, pour ce qui est des redevabilités, par exemple, les salariés, encore imprégnés de la culture de la « job description » qui caractérisait l’entreprise jusqu’ici, listent tout ce qu’ils font. Ils répondent ainsi à un besoin de justification et de reconnaissance. C’est ce que j’appelle le « t’as vu tout ce que je fais ! ».