Faut-il vraiment centrer l’organisation sur l’humain ?
Il y a peu, convaincu par le bien qu’en disaient des dirigeants que je côtoie, je me suis inscrit à une formation dispensée par mes confrères de Toscane Accompagnement. Au-delà du contenu de cette formation, celle-ci a réveillé chez moi des questions bien plus profondes que j’avais, en partie, mises de côté.
Tout est parti de cette vidéo qui nous a été montrée. Celle d’une cheffe d’entreprise québécoise, Lisa Fecteau – que j’ai eu le plaisir de rencontrer en 2016 – patronne de la société Regitex, qui y est présentée comme l’archétype du dirigeant qui a su grandir et libérer son entreprise au terme d’une transformation personnelle qui a duré pas moins de dix ans. Partageant mon ressenti avec un ami patron qui a également vu cette vidéo, celui-ci m’avoue l’émotion que celle-ci a provoqué chez lui. « Nous avons ressenti la même émotion ! » me dit-il avec un plaisir visible. En réalité, mon émotion est à la fois de la stupéfaction et une envie irrépressible d’exprimer mon désaccord.
En finir avec le « héros libérateur »
Une nouvelle fois, ce qui me choque ici c’est que le patron, même après s’être transformé, est devenu ce que l’on pourrait appeler un « héros libérateur« , cette figure tutélaire telle que la décrit Isaac Getz dans ses ouvrages. Ainsi, alors que beaucoup de personnes dans le monde essaient d’aider les patrons à se transformer, qui s’intéresse, vraiment, aux collaborateurs et à l’entreprise elle-même ?
Dans ces conditions, doit-on accepter que ceux-ci dépendent de la transformation de leur dirigeant ? A fortiori, si ce changement préalable passe par une période de dix ans avant de devenir effectif. On comprend que cela puisse être difficile pour l’entreprise et l’ensemble des collaborateurs d’accepter que tout dépende d’une seule personne, du changement de posture du dirigeant. Car, derrière ce modèle sous-jacent, la libération de tous et de l’entreprise se voit bloquée par la libération d’un leader.