Confiance ou pas confiance ? Empuissancement ou asservissement ?
Le monde des entreprises ne cesse de se transformer depuis des décennies. C’est sa nature. Il le fait dans un processus que l’on peut appeler « de responsabilisation », d’innovation sociale, de raison d’être et d’alignement de tous sur celle-ci. Ainsi, de nombreux collaborateurs se retrouvent désormais dans un contexte nouveau, fondé sur un management constitutionnel. Mais, hors de l’entreprise, ils continuent de vivre tout autre chose. Une situation mise en lumière par la crise sanitaire que nous traversons. Celle-ci a servi de révélateur à notre impuissance au sein de nos institutions.
Une configuration inédite des choses, venant inverser un ordre qui jusque-là faisait que la société, ses nouveaux modèles, précédait le monde de l’entreprise. C’est d’abord au sein de l’entreprise que chacun d’entre nous est à même de s’exprimer et de révéler sa puissance, et non plus hors de celle-ci.
Aujourd’hui, cette impuissance de chacun face aux institutions touche tout le monde sans exception : les élus, l’administration et, bien sûr, les citoyens. A ce stade, l’enjeu est donc simple : souhaite-t-on empuissancer l’ensemble de ces parties prenantes ou les asservir ? Dans ces conditions, n’est-il pas temps de s’interroger sur la nécessité, la possibilité de simplement changer les règles du jeu ?
Du gouvernement et du management des services publics
Commençons par dire que nul en particulier n’est visé ci-après. A commencer par l’exécutif qui lui-même se retrouve contraint et impuissant comme les autres du fait d’institutions inadaptées.
Prenons l’exemple de cette maire d’une commune de taille moyenne accompagnée il n’y a pas si longtemps. Celle-ci souhaite mettre en place holacratie pour redessiner les contours de son organisation de 1400 agents publics. Élus et agents sont impliqués dans la réflexion et les chantiers ainsi déployés. Mais, très vite, la machine administrative, déjà sous performante, révèle son incapacité à simplement gérer le quotidien et ne laisse apparaître aucune conscience de la raison d’être qui est la sienne. On imagine l’embarras de cette maire qui, fraîchement élue, se rend compte de l’impossibilité d’atteindre ses objectifs, d’être fidèle à son programme – sur lequel elle s’est fait élire – avant même d’avoir réellement commencé. Et, malheureusement, cette situation n’a rien d’une exception.