Holarchie, Arthur Koestler
L’holacratie est un mot inventé par Brian Robertson, qui s’est inspiré de deux mots : “holarchie”, terme inventé en 1967 par Arthur Koestler dans son livre The Ghost in the Machine, et “cratie”, qui signifie “pouvoir” (tout comme “démocratie”, “autocratie”).
Une holarchie est composée de multiples holons, qui est à la fois un tout et une partie d’un tout. C’est un mot venant du grec ὁλον, forme neutre de ὁλος signifiant le “tout” et de la terminaison “on” renvoyant à la partie. On retrouve des formes d’holarchie dans la nature : le corps humain est considéré comme une holarchie, avec des atomes regroupés en molécules, regroupées en cellules, regroupées en organes, faisant le tout qui est le corps humain.
L’holacratie est donc le pouvoir de l’holarchie : des rôles qui se regroupent en cercle, qui font une organisation.Note : certaines personnes parlent d’organisation “holacratique” mais “holacratie” étant un mot inventé, il ne se décline pas.
Holacracy, Brian Robertson
Holacracy (“cy” puisque son origine est américaine) est une pratique née par expérimentation de différentes approches.
Brian Robertson, associé avec deux autres personnes, voulait explorer une nouvelle façon de manager. Comme il le dit dans ses conférences : “There’s got to be a better way”, à traduire par “Il doit y avoir une autre façon de faire”, sous entendu que l’on doit pouvoir manager différemment.
Il s’est rendu compte que ce n’était pas en tant que salarié, même en position de management, qu’il pourrait changer les choses. De cette frustration est née Ternary Software, société IT (informatique) en 2001.
Leur principe d’expérimentation est très pragmatique : si l’outil ou la méthode testée marche, ils la gardent, sinon ils l’arrêtent. C’est le même principe appliqué dans les méthodes agiles du monde de l’informatique.
Au bout de six années, l’entreprise s’est retrouvée sur le devant de la scène, recevant de nombreux “awards” à l’américaine. C’est là que les associés ont pris conscience qu’ils avaient un mode de management atypique qui fonctionnait bien. Plutôt que d’en rester là, Brian Robertson et son associé Thomas Thomison ont voulu faire profiter le monde du travail effectué, de ce qu’ils avaient trouvé : ils décident alors d’inscrire toutes les règles, modes de fonctionnement de Ternary Software, dans une constitution. De là est née la version 1.0 de la constitution holacratie, en 2007.
Brian quitte alors l’entreprise pour lancer, avec Thomas Thomison, la société HolacracyOne en 2007, première organisation en holacratie qui propose des formations et du conseil sur l’adoption de la constitution holacratie. Il dépose même la marque Holacracy, afin de garantir la qualité des prestations offertes par les coachs.
De nombreuses approches se revendiquent à l’origine de l’holacratie, à juste titre puisque l’holacratie s’est effectivement inspirée d’elles : la sociocratie de Gerard Endenburg, la théorie intégrale de Ken Wilber, les méthodes agiles, les principes du lean management, la méthode Getting Things Done (GTD) de David Allen, l’entreprise libérée de Tom Peters, reprise par Isaac Getz et Brian M. Carney, l’intelligence collective, management horizontal, etc.Cependant, il serait erroné de dire que ce sont des approches similaires puisque l’holacratie, bien qu’elle ait intégré des bouts de ces méthodes ou outils existants à l’origine, s’en est progressivement éloignée, de par sa pratique, en formalisant les règles du jeu (constitution). On peut lui attribuer, entre autres innovations majeures, la création du concept de rôle permettant de transformer la notion de pouvoir, et le principe d’une organisation constitutionnelle. Un autre élément est que la plupart de ces approches n’ont pas réellement remis en cause la hiérarchie, concept créé par Fayol et Taylor.
Holocratie ou holacratie ?
Une polémique autour du mot holacratie ou holocratie se joue ces derniers temps, notamment par le biais de l’Office québécoise de la langue française puisqu’il est vrai qu’étymologiquement, ce serait sans doute plus juste d’écrire “holocracy”, “holo” pour holon et “cratie” pour le pouvoir. Nous pourrions contester que “holarchie” comporte bel et bien un “a” mais là n’est pas le débat puisque Holacracy est un terme inventé par Brian Robertson et une marque déposée que nous ne devrions même pas traduire par holacratie.